De la mine à leader mondial des piscines enterrées, c’est le drôle destin de la famille Desjoyaux. Partie de rien mais riche de valeurs mêlant humilité et audace, l’entreprise a su démocratiser la piscine. Basée à La Fouillouse, à proximité de Saint-Étienne, la société compte actuellement 5 000 collaborateurs à travers le monde et est présente dans 80 pays.
Découverte.
« Les piscines Desjoyaux, c’est une vieille histoire », glisse Jean-Louis Desjoyaux, l’actuel PDG. Une histoire de famille, d’entreprenariat, mêlant valeurs, innovations et audace.
« Tout a commencé à l’après-guerre. Comme son père, mon grand-père du côté maternel, Jean Basson, commence à travailler à la mine. II se rend vite compte qu’il ne veut pas faire ça. II souhaite devenir carre leur et crée rapidement son entreprise. » L’aventure continue au début des années 50 : « Ma mère, Jeannine Basson, rencontre mon père Jean Des joyaux alors fils de boulanger à Cuzieu, au bord de la Coise pendant les vacances. »
Ce dernier vient à Saint-Etienne pour travailler comme carre leur avec son beau-père.
L’entreprise se développe et compte une cinquantaine de salariés au début des années 60. En 1966, Jean Desjoyaux construit sa première piscine dans la maison familiale de Cuzieu, dans la Loire : « À l’époque, il n’y avait pas de système de filtration. Ça fonctionnait sur le principe des bains romains. » Tout reste à inventer et cela prendra du temps.
En 1968, Jean Desjoyaux crée sa propre structure de carrelage et maçonnerie que rejoindra son fils, Jean-Louis, à l’âge de 17 ans, en 1971. L’entreprise prospère avec ces activités notamment pour le compte de Casino et Auchan, tout en se lançant en parallèle dans la piscine. « Les amis en ont demandé une. L’année d’après on en a fait cinq puis dix, vingt, cinquante par an dans la Loire, le Rhône et la Haute-Loire. Mais c’est bien le bâtiment qui a permis de financer le reste. »
L’entreprise cherche à industrialiser la fabrication de piscine en essayant le polyester, le béton armé, le béton armé projeté, du polyester avec un chaînage en béton armé…
Forez piscine est créée en 1974.
Le polypropylène : l’idée de génie qui va tout changer
La révolution pour Desjoyaux germe durant l’hiver 1976 : « Ma mère a offert une luge aux enfants pour Noël. Ces luges rouges que l’on trouve partout.
En demandant le prix, mon père s’est demandé comment ils pouvaient aligner un tel tarif. » Jean Desjoyaux découvre que ces luges sont faites en polypropylène. L’idée est lancée.
Desjoyaux met au point des piscines avec des panneaux de polypropylène renforcés par du béton armé qui permet d’assurer la garantie décennale : « Nous avons déposé un brevet pour ces panneaux en 1978 et un autre pour le groupe de filtration en 1983. »
La démocratisation de la piscine est lancée. Avec des prix attractifs, Desjoyaux se lance à la conquête de l’Hexagone et crée dès 1984 un réseau français, avant de se lancer à l’international dès 1988. Jean Louis, qui a repris les rênes de la société en 1987, donne un coup d’accélérateur en 1990 : « On a mis le paquet en construisant notre siège à La Fouillouse. Un investissement de 50 millions de francs pour fabriquer dans la Loire. En 1991, on a décidé de rentrer en bourse pour la notoriété et par prudence. Cela nous a permis d’augmenter notre capital. »
Le goût du risque
Le secret du succès familial vient aussi de là : « Nous avons pris des risques depuis le départ. » Le succès Desjoyaux est un cocktail mêlant « des risques, de l’innovation et des idées ».
En 1996, l’entreprise diffuse le premier spot télé de la branche : « On a annoncé des piscines posées à 49 000 francs. » La campagne cartonne et Desjoyaux poursuit son ascension. D’une quarantaine de salariés en 1990, l’entreprise en compte 150 en 2005 puis 160 en 2010. Aujourd’hui, le pisciniste ligérien dispose de 250 salariés et 185 points de vente en France : « On a un objectif de 200 points de vente dans les deux ans. » L’entreprise ligérienne compte six filiales dans le monde et est présente dans 80 pays.
De l’investissement… national
« Nous avons le goût du risque et de l’innovation. » Jean Louis Desjoyaux ne l’a pas perdu : « Nous allons investir 40 millions d’euros sur trois ans, en pleine crise. L’idée est de valoriser notre outil de travail, de fabriquer certaines pièces plutôt qu’acheter en Chine, créer un nouveau centre de recherche et développement, construire un centre de tri sur le site, ect. »
La belle aventure continue.
Article paru dans LE PROGRES
Journaliste : Clément Goutelle