Passionné de natation, Jean Desjoyaux achève en 1966 la construction de sa résidence secondaire à Cuzieu et décide de faire une piscine. « On se baignait tout le temps, même quand l’eau était froide », se souvient son fils, Jean Louis Desjoyaux, aujourd’hui PDG de l’entreprise ..
Jean-Louis Desjoyaux, vous vous êtes vraiment baigné dans la première piscine Desjoyaux ?
« Bien sûr… La première piscine Desjoyaux, c’est mon père qui l’a construite en 1966. II était passionné de natation ! II venait de construire de ses propres mains notre résidence secondaire à Cuzieu ; dans la foulée, il a construit la piscine. C’était un rêve fou à l’époque. J’avais 14 ans ; mon frère Pierre Louis avait 10 ans et ma sœur Catherine avait 8 ans. Vous imaginez bien que l’on s’est tous baigné dans cette piscine et que nos copains en ont aussi beaucoup profité… On se baignait tout le temps, même quand l’eau était froide. »
À quoi ressemblait cette première piscine ?
« C’était déjà une grande piscine de 10 mètres de long sur 5 mètres de large, avec un fond en pente qui allait de 0,80 cm à 1,40 mètre. Elle était entièrement carrelée et les plages étaient en pierre de Bourgogne. Mon père l’avait construite selon le principe des bains romains, avec un courant d’eau qui permettait de balayer le fond. Avec de la javel, on essayait de tuer les bactéries. Je dois vous avouer que ça marchait moyennement ! Jusqu’au jour où papa a appris que la piscine Souchon à Saint-Etienne allait être rénovée. II a récupéré un énorme filtre à sable qu’il a installé à Cuzieu. Et ça a marché. C’est comme cela qu’a débuté l’aventure des piscines Desjoyaux… »
Dans les années soixante, avoir une piscine était un luxe …
« Ah oui, c’était un luxe. Seuls les gens qui avaient de très gros moyens pouvaient s’offrir une piscine. C’était d’autant plus compliqué à l’époque, puisque l’on ne trouvait pas de filtres. Ça existait aux États-Unis, mais pas encore en France. »
Cette piscine existe toujours ?
« La maison familiale de Cuzieu a été vendue et les propriétaires actuels se baignent toujours dans la première piscine Desjoyaux. »
Plus de 70 brevets déposés par l’entreprise
Donc, il y a eu cette première piscine. Et d’autres ont suivi…
« Quand mon père a terminé notre piscine, un de ses copains lui a demandé de lui en construire une, toujours à Cuzieu. C’était à la fois un ami et un voisin… À partir de ce moment, mon père a compris que la piscine, ce n’est pas seulement du béton, des margelles et de l’eau, mais que c’était aussi et surtout, un bonheur contagieux, un esprit de famille qui se partage et qu’il fallait réduire les coûts pour que d’autres puissent s’en offrir. »
À quel moment votre père est-il passé à la phase de l’industrialisation ?
« Autour des années soixante-dix lorsque je l’ai rejoint dans l’entreprise. Entre 1970 et 1974, on a essayé toutes les techniques et tous les matériaux pour trouver les meilleures solutions industrielles. C’est ce qui nous a permis d’être les précurseurs de la démocratisation de la piscine en France avec le groupe Waterair. »
Quel a été le premier brevet que vous avez déposé ?
« Le premier brevet a été déposé en 1978 pour un coffrage perdu en résine, un peu comme une coque de bateau, que l’on remplissait de béton pour construire une piscine. Le deuxième brevet concernait le système de filtration qui se posait en cavalier sur le mur de la piscine. Depuis, les technologies n’ont fait qu’évoluer et nous avons déposé plus de 70 brevets. »
Numéro un mondial de la piscine enterrée
Si Jean-Louis Desjoyaux est toujours le PDG de l’entreprise éponyme, il s’apprête néanmoins à passer le flambeau à son fils Nicolas, 42 ans. Un groupe familial, fondé par Jean Desjoyaux, où travaillent Fanny Desjoyaux, la fille de Jean-Louis, comme directrice de la communication et du marketing ; Catherine Jandros, la sœur de Jean-Louis, en charge des points de vente ainsi que sa fille Marion Jandros.
Aujourd’hui, le groupe Desjoyaux est le numéro un mondial des piscines enterrées et est présent dans 80 pays avec 6 filiales dans le monde et pas moins de 200 points de vente en France. Le site de La Fouillouse avec ses 5 hectares d’atelier emploie 230 salariés et possède une réserve foncière de 15 hectares.
Objectif : 50 % des ventes à l’export d’ici 5 ans
Après trois années de croissance record, Desjoyaux a enregistré un léger tassement de son activité l’année dernière dans un contexte géopolitique et inflationniste compliqué. Mais le groupe poursuit ses investissements avec en ligne de mire l’internalisation de certaines fabrications et un projet de centre de tri de déchets plastiques.
Desjoyaux, qui réalise 40 % de son chiffre d’affaires à l’export, ambitionne d’atteindre les « 50 % sous cinq ans ».
Très attachés à ses racines et plus spécialement au Forez, Jean-Louis Desjoyaux et son beau-frère Pierre Jandros ont également investi dans deux domaines viticoles, l’un à Chavanay et l’autre près de Valence, à Saint-Julien-en-Saint-Alban où ils produisent condrieu, côte rôtie, cornas, saint-joseph, côtes-du-rhône et viognier.
Article paru dans le progrès
Journaliste : Frédéric Paillas